Monuments de Carthage – les Thermes d’Antonin – le Cirque Romain – les Citernes de la Malga – l’Aqueduc de Zaghouan

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Les thermes d’Antonin


Les thermes d’Antonin – AdobeStock

      Ces thermes sont construits au 2ème siècle après J.C sous les règnes des deux empereurs Hadrien et Antonin. La durée des travaux était de 17 ans (de 145 à 162 après J.C). Les thermes s’élèvent au bord de la mer sur une longueur de 300m au pied de la colline de Bordj Djédid.

Ils se classent troisièmes du point de vue grandeur dans l’empire romain après les thermes de Caracalla et les thermes de Dioclétien à Rome.

Aujourd’hui on ne peut voir que le sous sol des thermes et quelques pièces archéologiques comme d’énormes pans de murs effondrés, des blocs de marbre et de granit, des chapiteaux… Le sous sol était occupé avant par des réserves pour le combustible, l’huile et les parfums, des magasins et des chaufferies. Le premier étage aujourd’hui effondré, formait avant les vrais thermes. Il était divisé en deux parties égales et symétriques. Le corps central du bâtiment était formé du frigidarium (la salle froide), le tepidarium (la salle tiède) et le caldarium (la salle chaude). De part et d’autre, plusieurs salles se succédaient autour des palestres utilisées par les romains pour faire le sport. Une colonne a été remise en place pour mettre en valeur la grandeur des thermes. Le sommet de cette colonne constituait le départ de la coupole centrale qui se dressait ainsi à plus de 30 m de hauteur.

Thermes d’Antonin de Carthage
Les thermes d’Antonin, suite

Ces thermes étaient alimentés par de grandes citernes contenant de l’eau apportée de Zaghouan à travers un aqueduc de 132 km de longueur. Les thermes d’Antonin ont perdu d’importance à la fin de l’empire romain. A la fin du 4ème siècle et au début du 5ème siècle, les grandes voûtes du frigidarium s’écroulaient. Pendant l’époque byzantine, les thermes furent réaménagés et prirent des dimensions plus modestes. Les sous sols des thermes ont été transformés en ateliers de tailleurs de pierres.

Plans des thermes d’Antonin

Monuments de Carthage, suite


Le cirque de Carthage


Cirque romain de Carthage

Les citernes de La Malga


      L’emplacement de Carthage est parsemé de citernes voûtées, grandes chambres rectangulaires surmontées d’une voûte en plein cintre, qui approvisionnaient la ville d’eau potable. Les voyageurs admirent surtout aujourd’hui deux vastes systèmes de citernes, le premier au village de la Malga, à 700 m au Nord-Ouest de Byrsa; le second, près du fort turc de Bordj Djedid, non loin de la mer, à 800 m de l’acropole.

Caractéristiques

Ces réservoirs, dont la construction primitive remonte certainement à l’époque punique, furent réparés et en partie reconstruits sous la domination romaine. Au temps du géographe arabe Edrisi, les citernes de la Malga comprenaient vingt-quatre réservoirs parallèles, mesurant chacun 100 m de long sur 22 de large : on n’en compte plus aujourd’hui que quatorze et encore en partie comblés. Celles de Bordj Djedid forment dans leur ensemble un rectangle allongé partagé en dix-huit réservoirs voûtés, parallèles, larges de 7,50 m, séparés par de puissants murs de refend, et profonds de 9 m depuis le sommet de la voûte, qui est percée d’un orifice circulaire. En outre, deux réservoirs latéraux, larges de 2,50m et longs de 145 m, s’ouvraient sur chacun des bassins, de même que six chambres circulaires à coupoles, servant de filtres.

Ces gigantesques récipients étaient alimentés par de nombreux canaux venant de toutes les directions. Les travaux entrepris en 1885 par Vernaz pour la restauration des citernes de Bordj Djedid, ont fait découvrir un aqueduc voûté de 270 m de long, haut de 3,25 m et large de 1,70 m; cet aqueduc fut réparé ou construit à l’époque romaine, probablement sous Hadrien. C’est à ce prince que l’on doit aussi les restaurations du viaduc gigantesque qui va des citernes de la Malga aux sources du Zaghouan et qui est resté, jusqu’ici, intact sur une bonne partie de son parcours. Les fouilles de Vernaz ont mis au jour un canal voûté long de 788 m, qui aboutit aux mêmes citernes après avoir traversé toute la colline dite de Juno Caelestis.

Les citernes de La Malga

L’aqueduc de Zaghouan


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Temples païens et basiliques chrétiennes


      Auguste Castan a établi que la colonie de Carthage dut posséder son Capitole comme toutes les colonies romaines, et ce Capitole, construit à l’imitation de celui de Rome, avait trois sanctuaires consacrés à Jupiter, Junon et Minerve. Mais où était installé ce Capitole? Etait-ce sur la colline de Byrsa ou sur celle du Juno Caelestis? Le temple de Juno Caelestis, la Tanit de l’époque punique, avait deux mille pas de circonférence, et il ressemblait, par son isolement, au temple de Samos. Fermé pendant quelque temps, à l’époque chrétienne, il finit par être consacré au culte chrétien le jour de Pâques de l’an 399, et l’évêque Aurelius plaça son trône épiscopal là même où était la statue de la déesse. Néanmoins, en 421, Constance le fit démolir et il fut transformé en cimetière.

Les fouilles sur la colline de Juno Caelestis ont mis à nu les substructions d’un temple en forme d’abside, avec une grande mosaïque de 16 m sur 14 de côtés. Tertullien fait allusion à un temple de Jupiter Serapis dont de Sainte-Marie a retrouvé les ruines au lieu dit Dermesch, près du dar Ahmed Zarouk. A 500 m au Nord-Est de Byrsa, on a découvert le temple circulaire de Cronos ou Moloch (Saturne), enveloppé de galeries concentriques et d’avenues rayonnantes : il remplaçait peut-être celui de Baal.

D’après une inscription, il y avait un temple de la Concorde sur Byrsa; un temple innommé, mais orné d’énormes colonnes de marbre, était près du village de Douar esch Chatt, à côté du dar Fedriani : Reinach et Babelon y ont découvert une statue colossale de Castor, aujourd’hui au musée du Louvre; le temple d’Apollon est remplacé par le dar Mustapha ben Ismaïl, sur le bord de la mer, près du forum.

Carte- Localisation des divers vestiges du site de Carthage.

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Autres ruines


      L’Odéon, qui fut construit sous le proconsulat de Vigellius Saturninus (180-183 ap. J.-C.), était peut-être l’édifice semi-circulaire mis au jour sur le bord de la mer, au Nord de Bordj Djedid.

Sur le forum, on remarquait le vicus argentarius, c.-à-d. la Bourse ou le tribunal des changeurs, dont l’architecture était, paraît-il, fort imposante, ce qui est bien naturel chez un peuple de marchands. Les gigantesques débris de blocage qu’on voit près du dar Almed Zarouk, et appelés Dermech, nom dérivé du mot latin thermae, représentent les ruines de thermes construits ou restaurés par Antonin le Pieux et qui paraissent, suivant les époques, avoir porté les noms de thermes de Maximien, thermes Gargiliens, thermes Théodosiens, thermes Alianarum, bains de Thrasamond. Sur la pente orientale de Bordj Djedid était la platea nova, limitée par un gigantesque escalier de marbre d’un développement de 48 m et d’une hauteur totale de 30 m : il a été détruit presque en totalité vers le milieu du XIXe siècle pour la construction d’une maison de plaisance.

L’amphithéâtre, situé près du village de la Malga, est encore représenté par des soubassements considérables. Le cirque, à 600 m au Sud de l’amphithéâtre, près de Douar-esch-Chatt est indiqué par une dépression elliptique de 90 m de longueur. Enfin, on n’a formé que des conjectures sans fondement sur l’identification des ruines décorées arbitrairement des noms de Palais de Didon, maison d’Hannibal, maison de Macrobe, villa de Galerius, le théâtre, le gymnase, etc.

Autres découvertes archéologiques

      En dehors des monuments de l’époque romaine dont nous ne saurions parler ici, tels que statues, bas-reliefs, mosaïques, lampes païennes et chrétiennes, inscriptions latines, le sol de Carthage n’a guère fourni que des stèles puniques, des ustensiles et surtout trois masques en terre cuite et des monnaies d’or, d’argent et de bronze. Ces quelques objets antérieurs à la domination romaine suffisent à nous démontrer que les produits de l’industrie carthaginoise étaient tous imprégnés d’orientalisme et ne différaient pas beaucoup des produits phéniciens eux-mêmes.

On y retrouve aussi des traces caractéristiques de l’influence hellénique : les monnaies de Carthage surtout sont directement imitées des monnaies des colonies grecques de Sicile (L’Italie antique). Nous savons d’ailleurs que les Carthaginois avaient dépouillé les villes siciliennes, qu’ils avaient conquises, de leurs statues et de leurs richesses artistiques pour en orner les temples, les palais et les places publiques de Carthage. Cette déprédation systématique fut un scandale si grand dans l’Antiquité que, lorsque Scipion se fut emparé de Byrsa, il invita les villes siciliennes à venir reconnaître leurs richesses d’art et à en reprendre possession. Tout ce qui ne fut pas réclamé fut transporté à Rome et l’on vit tout un peuple de statues grecques, notamment une statue colossale d’Apollon, défiler derrière le char du triomphateur.

Monuments de Carthage, suite

Le forum

      C’est particulièrement dans le voisinage du forum que l’on a trouvé, au nombre de plusieurs milliers, des stèles votives à Tanit et à Baal-Hammon. Ces bornes de 0,30 m à 0,50 m de longueur et de 0,15 m de largeur environ , étant destinées à être fixées en terre, sont à peine ébauchées à leur partie intérieure. La partie supérieure, taillée sur les quatre faces, porte l’inscription votive avec divers symboles; elle se termine par un simulacre de toit à double pente dont l’ornementation est de style grec.

Les symboles, sculptés de la façon la plus barbare, sont empruntés à la religion punique, à la faune et à la flore de l’Afrique : la main ouverte, le disque lunaire, le bélier, le cheval, le taureau, l’éléphant et divers autres animaux, l’ancre, la charrue, le gouvernail, la déesse mère tenant son enfant dans ses bras, le triangle, symbole de la triade divine, etc. Les colonies carthaginoises ont fourni des stèles du même genre.

Exposition des pièces archéologiques

Les épaves archéologiques recueillies sur le sol de Carthage se trouvent dispersées au musée du Louvre, à la Bibliothèque nationale, au musée du Bardo, près Tunis, et surtout au couvent de Saint-Louis de Carthage, ou le cardinal Lavigerie, assisté du P. Delattre, a rassemblé un musée carthaginois particulièrement intéressant. Mais comme nous l’avons dit plus haut, en dehors des monnaies et des ex-votos à Tanit, ce sont les monuments de l’époque romaine et byzantine qui abondent et, au point de vue général, leur importance archéologique et artistique est secondaire.

Crédits photos: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Carthage_archaeological_sites_map-fr.svg 


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