Monuments de Carthage – les Ports Puniques – Tophet de Carthage – les Nécropoles

Visite et histoire: Monuments de Carthage – les Ports Puniques – Tophet de Carthage – les Nécropoles


Les ports puniques


Reconstitution des ports puniques
Vestiges des ports puniques

      Situés près du forum, à 600 m au Sud de Byrsa, ils ne sont plus marqués actuellement que par de misérables flaques d’eau croupissante. Le Cothon est indiqué par une dépression circulaire de 1200 m de circonférence; au centre, l’îlot où était le pavillon de l’amiral a encore 106 m de diamètre, et il est rattaché au sol extérieur par une langue de terre de 9,60 m de large.

Le port marchand

De forme rectangulaire, communiquait d’une part avec le Cothon, d’autre part avec la mer par un étroit goulet; les vaisseaux ne pouvaient pénétrer dans le port militaire qu’après avoir traversé le port marchand. L’ouverture sur la mer avait, suivant Polybe, une largeur de 70 pieds et on la fermait par des chaînes de fer.

Le port militaire et son îlot

étaient entourés d’une série de cales pouvant abriter cent vingt vaisseaux, et, au-dessus des cales, étaient les magasins pour les agrès. Chaque cale, dit Polybe, était ornée de deux colonnes d’ordre ionique, ce qui donnait à la circonférence du port et de l’îlot l’aspect d’un portique. Le pavillon amiral d’où partaient tous les signaux faits à la flotte, était assez élevé pour que l’amiral pût surveiller tout ce qui se passait autour de lui et voir en même temps au large dans la haute mer. Aujourd’hui, le voyageur est surpris de la petitesse du port militaire de Carthage, mais nous devons supposer qu’il s’est singulièrement ensablé et que ses proportions étaient déjà bien réduites à l’époque romaine après la destruction complète dont il fut l’objet.

Le port marchand a encore actuellement une superficie de 14 hectares; on en suit les quais romains sur une longueur de 400 m. Il y avait, à l’entrée, un môle puissant allant du Nord au Sud et destiné à briser les vagues de la haute mer. Entre la tête de ce môle et la Taenia, on distingue, à fleur d’eau, les vestiges de la jetée par laquelle Scipion ferma l’entrée des ports. A l’époque de Justinien, le port de Carthage s’appelait Mandracium, et Salomon, gouverneur de la province, fit bâtir à côté un monastère fortifié.

Illustration d’un navire phénicien qui quitte la ville de Carthage – AdobeStock.
Les ports puniques selon Appien

      « Les ports de Carthage étaient disposés de telle sorte que les navires passaient de l’un dans l’autre ; de la mer, on pénétrait par une entrée, large de 70 pieds [environ 21 mètres], qui se fermait avec des chaînes de fer. Le premier port, réservé aux marchands, était pourvu d’amarres nombreuses et variées. Au milieu du port intérieur était une île. L’île et le port étaient bordés de grands quais. Tout le long de ces quais, il y avait des loges, faites pour contenir 220 vaisseaux, et, au-dessus des loges, des magasins pour les agrès. En avant de chaque loge s’élevaient deux colonnes ioniques qui donnaient à la circonférence du port et de l’île l’aspect d’un portique. Sur l’île on avait construit pour l’amiral un pavillon d’où partaient les signaux des trompettes et les appels des hérauts et d’où l’amiral exerçait sa surveillance. L’île était située en face de l’entrée et elle s’élevait fortement : ainsi l’amiral voyait ce qui se passait en mer tandis que ceux qui venaient du large ne pouvaient pas distinguer nettement l’intérieur du port. Même pour les marchands qui entraient sur leurs vaisseaux, les arsenaux restaient invisibles : ils étaient en effet entourés d’un double mur et de portes qui permettaient aux marchands de passer du premier port dans la ville sans qu’ils eussent à traverser les arsenaux. »

Appien (2e siècle après J.-C.)

Les ports puniques de Carthage

Monuments de Carthage – les Ports Puniques – Tophet de Carthage – les Nécropoles, suite


Le tophet de Carthage


Tophet de Carthage – AdobeStock.

      Le tophet de Carthage, aussi appelé tophet de Salammbô, est une ancienne aire sacrée dédiée aux divinités phéniciennes Tanit et Baal situé dans le quartier carthaginois de Salammbô, en Tunisie, à proximité des ports puniques. Ce tophet, « hybride de sanctuaire et de nécropole », regroupe un grand nombre de tombes d’enfants qui, selon les interprétations, auraient été sacrifiés ou inhumés en ce lieu après leur mort prématurée.

Monuments de Carthage – les Ports Puniques – Tophet de Carthage – les Nécropoles, suite


Les nécropoles


      Ce qui semble prouver, comme l’a dit le cardinal Lavigerie, que Byrsa fut primitivement une nécropole, c’est que le P. Delattre a trouvé dans les fouilles pratiquées sur la colline, à plus de 7 m au-dessous du sol actuel, des caveaux funéraires dont la construction massive paraît remonter à la période la plus ancienne de l’existence de Carthage. Ces caveaux construits en pierre de très grand et très bel appareil, sont surmontés d’un toit à double pente également en énormes dalles. On y a trouvé des cadavres couchés sur le lit funèbre, accompagnés d’armes, de bijoux et de poteries. Reinach et Babelon ont découvert à la même profondeur au-dessous du sol actuel, un tombeau du même genre, dans leurs fouilles près du forum. Enfin, on en a trouvé aussi d’analogues sur la colline de Juno Caelestis.

      La grande nécropole de Kamart, au djebel Kaoui, est moins ancienne : elle remonte à la dernière époque punique et elle a continué à servir à l’époque romaine et chrétienne; les fouilles du P. Delattre prouvent qu’elle a servi aussi à la colonie juive de la Carthage romaine. Les tombes y sont construites sur un type uniforme qui rappelle celles de la côte de Phénicie : une chambre rectangulaire dans laquelle on descend par un puits ou par un escalier; tout autour de cette chambre, on voit, comme des gueules de four, l’orifice des niches où l’on glissait les sarcophages. La plupart de ces tombes, même celles des chrétiens et des juifs, ont été violées par les Vandales ou les Arabes.

En 1880 et 1881, le P. Delattre a fouillé près des murailles puniques de Carthage, non loin de la Malga, au lieu dit Bir et Djebana (puits du cimetière), la nécropole romaine des esclaves de la maison impériale : il y a recueilli de très nombreux cippes renfermant les corps d’affranchis et d’esclaves impériaux attachés aux bureaux du procurator Caesaris Africae tractus Karthaginiensis. A une courte distance de là, était le cimetière chrétien où saint Cyprien fut enterré. Le P. Delattre y a recueilli des milliers d’épitaphes mutilées par les Vandales ariens. Toutes ces sépultures se trouvaient rassemblées autour d’une basilique qui paraît avoir été construite sur les tombes des saintes Perpétue et Félicité; en effet, une mosaïque découverte dans l’une des salles de cette basilique représente sainte Perpétue tenant la palme du martyre et écrasant un serpent. Enfin, sur la route qui va à Sidi-bou-Said , au point dénommé Dammous-Karita, le P. Delattre a fouillé une area avec des tombes disposées autour d’une basilique, ornée d’un portique monumental. On y a trouvé un sarcophage avec un bas-relief chrétien représentant l’Adoration des Mages; sur d’autres fragments, on voit le Bon Pasteur, la Multiplication des pains, Adam et Ève, etc.


Sommaire des Monuments de Carthage:


Retour en haut