L’Époque Archaïque de la Grèce Antique

      L’époque archaïque succède aux âges obscurs au VIIIe siècle av. J.-C.. Qui eux s’étendent jusqu’à la fin de la civilisation mycénienne, aux environs du XIIe siècle avant notre ère. Ainsi l’époque archaïque couvre trois siècles jusqu’à la période dite « classique » de la Grèce antique, qui débute au Ve siècle av. J.-C..

L’époque archaïque de la Grèce antique se caractérise par plusieurs points:

 


La naissance de la cité grecque


Oikos

      Les cités grecques seront la transformation et l’évolution des oikos, des foyers, étant de petites structures agricoles disparates.

      À la période archaïque se multiplie l’apparition des cités (polis), petites bourgades regroupant des citoyens libres et autonomes. Les cités grecques se différencient de par leur organisation politique et sociale, une cité représentait ses habitants. Ainsi que par la construction d’une agora, lieu de vie publique et intellectuel de la cité.


La colonisation dans le bassin méditerranéen et en mer Noire


      La colonisation grecque s’est faite essentiellement pendant l’époque archaïque, et plus précisément du VIIIe au VIe siècle av. notre ère. Exemple la colonie de Massalia (Marseille) fut fondée aux environs du VIe av. J.-C. ou encore Akragas (Agrigente) en Sicile, qui fut elle fondée en -582.

À lire aussi

Les Navires de l’Antiquité


Les auteurs et la littérature durant la période archaïque


      Le plus illustre auteur et aède (poète et conteur) de la période archaïque est Homère, on pense qu’il vécut au VIIIe siècle av. J.-C.. Et dont deux ses récits qui nous sont parvenus, il y a bien entendu la légendaire guerre de Troie, contée dans L’Iliade puis le retour d’Ulysse dans l’Odyssée.

Mais comme tous ces récits acquièrent leur forme « définitive » durant cette période de la Grèce antique, ainsi il faut les comprendre selon plusieurs aspects. Car ils décrivent ou racontent une guerre s’étant déroulée 6 ou 7 siècles auparavant lors de la période Mycénienne. De plus, ces textes commencent à n’être écrits qu’au VIIIe siècle. Ainsi il faut différencier les éléments historiques se référant au XIIe, VIIIe et également au VIe avant notre ère.

Un autre auteur, référence de cette période, Hésiode, qui vécut lui aussi au VIIIe avant notre ère, possiblement contemporain d’Homère. Plus d’éléments nous sont parvenus de cet auteur, en effet, ces récits sont plus faciles à utiliser car ils parlent de son époque. Ces 2 plus célèbres ouvrages sont « Les Travaux et les Jours », un traité moral, qu’il écrit à l’attention de son frère, et « Théogonie ». Dans ces deux ouvrages, il dévoile également quelques aspects de sa vie personnelle. De plus « Théogonie » est une œuvre majeure sur la mythologie grecque, il y parle de la cosmogonie ainsi que des dieux grecs et divinités de cette mythologie foisonnante.

(L’époque archaïque de la Grèce antique suite)

L’apparition des héros fondateurs dans la mythologie grecque


      À cette époque apparaissent les mythes des héros fondateurs, chaque cité a le sien. Ainsi il y a une multitude de héros locaux, seulement quelques héros sont vénérés dans toute la Grèce, le plus célèbre d’entre eux est Héraclès, ces héros communs à tous les Grecs font partie de la culture panhellénistique. On peut citer comme héros fondateur, le roi légendaire d’Athènes, Érichthonios. Ou pour la cité de Mégare, sur la route entre Athènes et le Péloponnèse, qui choisira Alcathoos comme héros fondateur.

Naissance d’Érichthonios, Athéna le reçoit le nouveau-né des mains de Gaïa
Testez nos quiz:

Les références historiques


Buste d’Homère

      En références et sources de l’époque archaïque, il y a donc Homère et Hésiode, cependant d’autres auteurs de la période classique écriront sur cette période précédente. En auteur majeur de référence, nous avons Hérodote, son œuvre principale aura pour objet les Guerres médiques, qui opposèrent les cités grecques fédérées aux Perses et leur immense empire.

Dans son premier livre, Thucydide nous livre quelques éléments de l’époque archaïque. Bien qu’il ait décrit la Guerre du Péloponnèse et ceci dans un souci de vérité. Il s’est attaché à raconter les faits le plus exactement possible en excluant l‘aspect mythique de l’Histoire grecque. De ce fait ses récits sont historiquement très intéressants.

Autre source qui fait référence, «La Constitution des Athéniens», que l’on attribue à Aristote, qui l’aurait écrite au début du IVe siècle avant notre ère. La Athènes de l’époque archaïque y est décrite.

Manuscrit de la Constitution d’Athènes, attribuée à Aristote, exposé à la British Library (Papyrus 131)

Voici un tour d’horizon des références littéraires de et sur la période archaïque. En plus de celles-ci, on peut bien évidemment y inclure tous les vestiges archéologiques découverts et conservés.

(L’époque archaïque de la Grèce antique suite)

L’art grec, sculpture et céramique


      L’art durant l’époque archaïque connaitra une nette évolution durant le VIe siècle avant notre ère pour atteindre une maturité entre le VI et la fin du Ve siècle avant J.-C. L’apogée de l’art grec sera pendant l’époque suivante dite « classique ».

Ainsi apparaitra la céramique à figures noires, des céramiques typiques de la Grèce antique. Céramique dans laquelle les motifs en noirs ressortent sur un fond d’une couleur plus claire.

(Vase rituel. Attribué au peintre Analatos. Athènes, vers 690 av. J.-C.)

Amphore protogéométrique attique, H. 35 cm., 975-950, British Museum

La sculpture au début de l’époque archaïque


      Un de ses témoignages est la «Dame d’Auxerre» originaire probablement de Crète, une sculpture datée d’aux environs de -630 et d’influence orientale.

La Dame d’Auxerre. H75 cm en calcaire. -640 -630 avant J.-C. – époque orientalisante, de Crète

      Puis la Grèce archaïque connaitra un regain culturel en ce qui concerne la sculpture, aux influences vraisemblablement égyptiennes.

Vers 600 avant notre ère, se développe en Grèce, l’art de la sculpture monumentale. Par exemple à Athènes, avec la tête du Dipylon, mesurant pour elle seule 44 cm, cette statue était d’une taille remarquable. Généralement les statues de cette période étaient en kouros (une statue grecque archaïque représentant un jeune homme nu debout) ou korê pour des représentations féminines.

A Delphes également avec les statues dites de Cléobis et Biton, attribuées à Polymédès d’Argos. Ces deux statues monumentales font 2,16 m, en marbre de Paros, elles ont été retrouvées sur la terrasse de Marmaria.

D’autres exemples de telles sculptures monumentales sont à noter, comme à Sparte avec une tête représentant la déesse Héra de 52cm, soit deux fois les mensurations humaines. Egalement à Corinthe, un centre important où s’est développé l’art durant l’époque archaïque avec entre autres le tympan du Temple d’Artémis à Corfou mesurant 2m79.

Les kouros ou korê archaïques se caractérisent par une stature rigide et droite. Les dimensions reviendront peu à peu aux dimensions humaines réelles. Leurs traits sont épurés, la représentation musculaire est sommaire, sans être forcément analogues à la vraie morphologie humaine. Les visages, composés en trois plans sont généralement encadrés d’une chevelure perlée, peut-être d’inspiration Perse ou Mésopotamienne. Les visages seront souvent parés « du sourire archaïque » typique de cette époque.

(Kouros en marbre époque archaïque, 590-580 av. J.-C.)

Kouros de l’Asclépiéion de Paros. VIe siècle avant J.-C. – Musée du Louvre

La maturité de l’art grec archaïque


      Au VIe siècle avant notre ère, l’art grec et celui de la sculpture connaitront une nette évolution. Comme en témoignent les sanctuaires de Delphes et d’Olympie par exemple.

Des cités se remarquent également, à Samos avec le sanctuaire d’Héra, sous le règne du tyran Polycrate. Ainsi bien évidemment qu’à Athènes, où le tyran Pisistrate, qui régna avec ses fils de -560 à -510. Entreprit l’aménagement de l’Acropole avec ses premiers monuments ainsi qu’avec de nombreuses statues. Plus tard durant les Guerres médiques où en -480 les Perses saccagèrent l’Acropole, où suite à cela les Athéniens eurent la bonne idée d’enterrer les morceaux de statues brisées.

(L’époque archaïque de la Grèce antique suite)

Le commerce dans le monde grec et au-delà


Par une colonisation disséminée dans tout le pourtour du bassin méditerranéen ainsi qu’en mer Noire, les Grecs avaient pour but également de créer de nombreux comptoirs commerciaux.

Faisons un tour rapide des implantations de colonies et comptoirs grecs. Ainsi à l’époque archaïque, ils se sont implantés en Egypte, sur les côtes libyennes particulièrement en Cyrène. Mais également en Espagne, pour en importer du cuivre, nécessaire à la fabrication de bronze.

Sur les côtes gauloises, à Massalia (Marseille) en particulier, où la colonisation se fit en concorde avec les autochtones. Si bien que la légende raconte que le commandant de la flotte phocéenne Protis et la fille du chef gaulois Gyptis tombèrent amoureux facilitant ainsi une l’alliance.

Les Grecs s’implantèrent aussi en Sicile, à Akragas (Agrigente), dont il reste de très beaux vestiges, mais également dans tout le sud de l’Italie.

Continuons notre tour du bassin méditerranéen, à Byzance qui aurait été fondée pour le héros légendaire Byzas au milieu du VIIe siècle, aux alentours de -660.

Où en mer Noire, comme pour la cité de Millet, là les grecs durent s’imposer par la force.

Les Grecs durant l’époque archaïque se sont vraiment implantés dans tous les mondes méditerranéens, ce qui renforça leur influence et leur permirent de diffuser leur culture sur une vaste zone géographique.

À lire aussi:

Les Phéniciens


Les grandes acquisitions et inventions grecques de l’époque archaïque


      Un autre effet de la colonisation, par le biais de rencontres avec d’autres peuples et civilisations, est que les Grecs acquièrent l’alphabet. Vraisemblablement par les Phéniciens comme le dit Hérodote dans son livre V, paragraphe 58. L’inscription la plus ancienne que nous ayons en grec ancien date la première partie du VIIIe siècle, sur une coupe retrouvée à Ischia, dans la baie de Naples. Les premiers textes écris, sont un code de loi d’Athènes datés de -620 avant notre ère. Ce sont les premières étapes de la transmission écrite pour les âges suivants.

      Egalement l’époque archaïque voit apparaitre les premières monnaies de l’Histoire. Pas directement en Grèce mais en Lydie, un pays situé en Asie mineure occidentale. Contrée connue par son très célèbre roi du VIe siècle avant notre ère, Crésus. Les cités grecques frappèrent dès le VIIe siècle avant notre ère leur propre monnaie, selon leur besoin et de manière disparate. Les monnaies étaient frappées par chaque cité avec un signe distinctif, par exemple la chouette pour Athènes, symbole de la déesse Athéna.

Elles pouvaient être utilisées pour payer des mercenaires. Avec l’apparition des monnaies apparait aussi l’enrichissement, ainsi certaines institutions grecques firent fortune.

 

Tétradrammes athéniens du 5ème siècle av. J.-C. En argent de Laurion, qui servit à Thémistocles à financer la flotte qui battit Salamine. Face Athéna. Envers la chouette dont les yeux peuvent sonder l’âme.

À lire aussi:

Athéna Déesse Grecque

(L’époque archaïque de la Grèce antique suite)

Les premières constitutions et codes de lois écrits


      Athènes et ses habitants auront été les précurseurs en la matière de textes juridiques écris, les codes de loi. Où le législateur Dracon au VIIe siècle avant notre ère fait transcrire à l’écrit un code de loi particulièrement dur, d’où le terme draconien.

Egalement citons Solon, qui vécut à cheval entre le VII et VIe siècle avant notre ère, il est issu de la classe des Eupatrides (les « bien-nés »). Ainsi il représentera d’abord la classe aristocratique puis sera par la suite un moteur dans l’instauration de la démocratie athénienne.

Ces textes de lois moraux et juridiques ont valeurs de constitution dans les cités. On les affichera dans toutes les agoras sur des panneaux de bois. Certains seront gravés dans la pierre comme le code de Gortyne à l’époque classique. Ces lois ont pour but de régir la vie de la cité et de définir la responsabilité du citoyen dans ces délits par exemple en y allouant une sanction ou une peine.


Les tyrans


      Les débuts de la démocratie sont tout de même difficiles malgré l’engouement des citoyens. Ainsi Athènes connaitra pour dirigeants des « tyrans », des personnages qui prennent le pouvoir de manière autoritaire et non-constitutionnelle. Ces tyrans s’appuient généralement sur un socle de partisans pour imposer leur loi et leurs vues. Comme Pisistrate qui gouvernera Athènes entre -546 et -528, après trois tentatives de prise du pouvoir. C’est un régime à cheval entre la monarchie et la démocratie citoyenne.

Bibliographie:

Dictionnaire de l’Antiquité de Jean Leclant, PUF, 2005, 2364 p.

Amusez vous avec nos quiz
Retour en haut